Sans surprise, Moody’s dégrade les notes d’émetteur à long terme du Sénégal et les notes de créance sénior non garanties en devises du gouvernement du Sénégal à B1. Les notes d’émetteur à court terme sont quant a elles confirmées à Not Prime.
Auparavant noté Ba3 avec une perspective stable, la note sanctionne négativement la dernière sortie du gouvernement sénégalais notamment son premier ministre sénégalais Ousmane Sonko sur la qualité des données du budget du Sénégal. A cet effet, lors du point de presse du gouvernement du Sénégal sur la situation du pays, le montant total de la dette et a été sous-estimé par les gouvernements du régime de Macky Sall. En effet, Selon Moody’s les conclusions préliminaires de l’audit du ministère des Finances indiquent des déficits budgétaires gouvernementaux antérieurs nettement plus élevés et un fardeau de la dette nettement plus élevé que celui publié précédemment, bien que l’ampleur exacte reste incertaine en attendant la validation par la Cour des comptes du Sénégal. Ces conclusions indiquent que :
- Le déficit budgétaire s’est élevé en moyenne à 10,4 % du PIB sur la période 2019-23, soit près du double des 5,5 % du PIB officiellement déclarés ;
- Le fardeau de la dette du Sénégal à fin 2023 est estimé à 83,7 % du PIB au niveau du gouvernement central, soit environ 10 points de pourcentage de plus que les 73,6 % du PIB précédemment publiés
Par ailleurs en mettant la note sous surveillance et une perspective négative, Moody’s manifeste son pessimisme quant à la capacité à ramener le ratio d’endettement sur une tendance baissière et qui justifiait la notation Ba3 initiale et les perspectives stables. Ce ratio serait désormais nettement supérieur à la médiane de 52 % pour les États souverains notés Ba et B en 2023.
Avec cette note, le sénégal sort de la catégorie des émetteurs spéculatifs pour aller dans la catégorie de ceux sujet à un risque de crédit très élevé. Cette notation aura certainement un impact non négligeable sur les instruments de dettes des entreprises locales.